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Paris-Vallangoujard (par Romu-les-gros-cuissots)
A la demande générale, voici un résumé complet de la course cycliste régionale Paris-Vallangoujard, comme si vous y étiez...
J'ai trouvé cet article dans nos archives il n'a pas été publié pourtant c'est GENIAL ! (Carlos)
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Arrivé 5 minutes avant la cloture de la remise des dossards, me voilà fin prêt en attendant le départ de la course (08h00) pendant que les autres coureurs s'échauffent studieusement. 110 km, c'est assez long pour s'échauffer, pensé-je à ce moment-là. Toujours le même réflexe débile qui consiste à se rapprocher le plus de la ligne de départ, comme pour un tourniquet : je souris, planté à 30 m de la ligne, à observer les Régionaux nerveux passer à pied dans l'herbe et écouter les derniers conseils de leurs "coaches" ventrus et braillards. Le coup de pistolet est donné en haut de la côte de St Prix, comme depuis quelques années. La météo s'annonce plutôt favorable : tant mieux, il avait été prévu des cordes !
Voilà, le départ est lancé. Les têtes brûlées de service allongent le peloton dans la ligne droite qui mène au parking de l'étang Godard, soit une poignée de secondes après le départ (!). Ralentissement avant de tourner à droite, le gyrophare orange de la voiture ouvreuse nous donne la direction. Le peloton rejoint à vive allure la déviation de Baillet en avalant les bosses, et un gros coup d'accélérateur à nouveau nous met en file indienne jusque Baillet. Les coups partent à droite, à gauche, mais le peloton roule fort et rejoint les petits groupes qui se sont formés, à la faveur des points de mire, nombreux sur le circuit de Baillet. Descente vers Mériel : passage sous le pont de chemin de fer, puis à droite, immédiatement. Le type devant moi navigue dans la courbe pour éviter une vague de ralentissement, relance maladroitement et casse sa chaîne sous mes yeux !! Il a un cri de frailleur. Je l'évite. Arrivé au passage à niveaux de Valmondois, les barrières se relèvent : raté pour les échappés, arrêtés malgré eux par le tortillard de la ligne de Persan/Beaumont.
Passage à La Naze : la première difficulté s'approche. La voilà, justement. Je remonte facilement en tête du peloton à la faveur de la côte de Nesles pour me porter aux avant-postes : rassurant, les jambes sont là. Les juniors du PAC s'en donnent à coeur-joie, devant : c'est bien, ils ont du tempéramment. Premières gouttes, puis l'averse s'installe franchement. Un gros nuage nous menaçait déjà depuis un moment, le tracé de la course nous jetant définitivement sous lui dès l'entrée dans le Vexin. La pluie et les projections d'eau m'obligent à fermer les yeux. Il fait froid, je ne distingue plus que les couleurs des maillots, le moral en prend un coup. Nous sortons de dessous le nuage au passage à Bréançon. Ouf !
Je ne connais pas la situation en tête de course, m'étant laissé glissé au moment de l'averse. Au premier passage au carrefour d'Arronville, je manque de payer cher cette bévue : le peloton est coupé en deux et me voici dans le deuxième paquet. Il n'y a pas d'organisation : je décide de partir seul aux trousses du vrai peloton, distant de quelques hectomètres. Je reviens facilement sur les lâchés du groupe qui nous précède, puis me fais rejoindre par la tête du peloton des poursuivants duquel je m'étais extrait, au moment même où nous faisons la jonction à Messelan. Puis Frouville, à droite dans le village, et Labbeville et sa côte avant de nous réengager sur le deuxième tour. A n'en pas douter, il va y avoir du grabuge dans ladite côte. Je remonte aisément (décidément) le peloton et remarque Guillaume Matis, un "qui-n'en-veut", qui frétille pas mal. Il va tenter quelque chose, je le connais que trop bien. Il me remonte à son insu jusqu'en tête, au train, puis sprinte franchement pour s'extirper. Je n'ai qu'à suivre sa roue... Gyrophare orange : c'est la tête. Nous rejoignons Vianey Grenier, du PAC, accompagné d'un autre coureur non moins téméraire. Organisation, relances, rien n'y fait. La première tentative est avortée : sur le plateau, malgré beaucoup de bonne volonté, le peloton rattrape le petit groupe auquel j'appartiens. Carrefour d'Hénonville. Je reste en tête du peloton, cette fois-ci. Passage à Livilliers : Vincent Alonso (Ermont) tente de rejoindre quelques coureurs qui se sont portés à quelques secondes. Je le rejoins en facteur, mais dans la cuvette vers Génicourt, me retournant, je constate que je suis en tête du peloton, bien étiré. Franck Périgois (Montigny) attaque dans l'ascencion de Génicourt, avec sur son porte-bagage un type de Beauchamp. Périgois a gagné la semaine dernière : c'est un bon coup. J'accélère en entrant dans le bled, et à trois nous parvenons à lâcher le peloton. Nous nous entendons bien et ne nous privons pas de nous faire mal aux jambes pour recoller les fuyards (dont Matis, comme par hasard...). Jonction à Epiais-Rhus. Mathis chute "tout seul" dans la courbe à gauche à l'entrée de Grisy, à la surprise générale : c'est rare de chuter en côte ! Il a dû toucher une roue. Nous ne le reverrons plus. Notre groupe s'entend mal, les relais ne sont pas pris ou mal pris. Quelques coureurs fébriles viennent de derrière grossir la troupe, relancer ponctuellement l'allure mais aussi favoriser la confusion. Nous sommes une bonne quinzaine. Heureusement, un jeune coureur de Montigny, plus ambitieux et chien-fou que les autres, redonne corps à notre échappée sans le vouloir, en tentant de partir à plusieurs reprises.
Les jambes répondent toujours "présent". Je fais semblant de pâlir de temps à autres pour ne pas montrer que ça va encore. Je suis sur le point de sortir à 15 km de l'arrivée, environ, dans un passage difficile que je négocie bien (Le Faÿ). Mais j'hésite trop longtemps et le profile s'aplanie quelques seconde plus tard : je rate l'occasion de rejoindre deux échappés d'une quinzaine de secondes, Vianey Grenier et le "petit jeune" de Montigny, qui décidément a le feu au c..l. Je le regrette : j'ai raté quelque chose à ce moment-là.
Etant donné le nombre de gusses dans notre paquet, nul doute que cela va se jouer au sprint. L'ardoise annonce le peloton à 1'45" : le groupe des battus. Et voilà les prémisses de crampes qui se mettent de la partie : ça vient toujours sans prévenir, à la faveur d'une danseuse dans une côte. Je connais la fin de parcours par coeur, et decide de rester au calme jusqu'à la sortie de Labeville, à 5 km de l'arrivée. Ca colle pour moi, les quelques ébauches de sorties sont revues. C'est exaltant d'être où je me trouve à ce moment-là. Même si l'issue est incertaine, c'est le sentiment de réussite qui domine. Ce qui me vaudra des déceptions pour très longtemps encore dans ma vie de sportif.
Voilà mon heure : je tente de sortir, donc, comme prévu, à 3 km de l'arrivée, sur du plat. Revu. Nouvel essai. Revu à nouveau. Puis encore 2 ou 3 fois, j'insiste bêtement, comme un cadet débutant. Je grille mes cartouches, je le sais, mais je ne peux réprimer ce réflexe malheureux : quel con ! Je me rassois tout de même et "attends que ça se passe". Mes cuisses ne me seront plus d'aucune utilisé, à présent... Entrée dans Vallangoujard. Périgois lève les fesses, on entend un sonore : "Périgois attaque à gauche !!". Il a du monde sur le porte-bagage !! L'instinct -mais pas l'intelligence, j'insiste bien- me force à essayer de "surprendre" une dernière fois tous les barroudeurs du groupe, que je dois bien faire rigoler, à quelques hectomètres de la ligne. Je me fais déposer au train par le groupe dans le malheureux faux plat montant vers Epiais-Rhus, scotché à la "pente". J'assiste au sprint de loin, spectateur privilégié que je suis, avec la tête qui me tourne sévèrement, et les jambes qui aimeraient bien en faire autant. Je termine carpette, mais reprends deux types d'Argenteuil, encore plus minables que moi !!
Résultat des courses : vainqueur, le jeune chien-fou de Montigny, Cédric BERMONT. Hé bé, il a de quoi faire un futur grand.
Je fais 15...
A vot' bon coeur, m'sieurs, dames !
Romu-les-gros-cuissots |